Le Miroir déserté est né de deux rencontres : celle entre cinq musiciens issus d’horizons différents mais réunis par une même complicité poétique et musicale ; et puis celle de deux grands poétes, chantres de l’Amour Courtois, que nous avons souhaité rapprocher malgré les siécles qui les éloignent : Machaut,et Aragon. Sept siécles séparent ces poétes et pourtant leur chant, la musique de leurs vers, l’essence de leur propos amoureux et chevaleresque les lient intimement et les rendent si semblables à nos oreilles.
Aragon n’a eu de cesse de se revendiquer de cette lignée des poétes médiévaux dont il était fervent connaisseur. « Dernier trouvère des temps modernes », sa poésie résonne comme un écho merveilleux à la voix de Guillaume de Machaut, « dernier trouvère des temps anciens ».
Des premières croisades médiévales, les chevaliers ont rapporté dans leurs bagages la lyrique orientale des plus grands poétes persans, c’est elle qui donna naissance à notre fin’amor, l’amour courtois tel qu’il fut chanté par les troubadours et les trouvères. L’art de la chanson était né, cet art si bien décrit et repris par Aragon, qui consiste à assigner un cadre formel très défini, pour ne dépeindre que mieux un sentiment infini : Comment se faire aujourd’hui les « passeurs » de cette lyrique de la fin’amor, de la chanson des XIVè et XXè siècles ? Nous avons réunis les instruments qui lui furent dévoués chacun en son temps : le zarb et autres percussions persanes, la flûte et la voix médiévales, la clarinette et la guitare électrique.
La première rencontre des cinq musiciens d’Esharêh se posait comme un défi : était-il possible de réunir ces sonorités différentes et les mettre au service d’un même chant ? La complicité des propositions musicales, de l’alliage des timbres, des voix, des chants ont été immédiats et nous ont surpris par leur unité, leur force et leur évidence. Le Miroir déserté était né…